Dans les rues, on croise de plus en plus souvent des voitures arborant plus ou moins fièrement leur autocollant Crit’Air.
Sans m'y être trop intéressé, je me suis dit que c'était une bonne chose de classer les voitures en fonction de leur impact environnemental. Plus la note était haute, plus la voiture pollue. C'est d'ailleurs comme ça que les politiques ont décrit cette petite étiquette.
Sauf que ce n'est pas tout à fait vrai...
En effet, vous avez sûrement remarqué qu'une petite voiture peut avoir la même note qu'un gros 4x4.
Sorcellerie ? Pas vraiment ! Le fait est que Crit’Air prend en compte un certain nombre de polluants comme les particules fines ou les oxydes d'azote par exemple.
Mais, étonnamment, le dioxyde de carbone (CO2) ne rentre pas dans le calcul. Dommage, c'est l’un des principaux gaz à effet de serre et il joue un rôle majeur dans le réchauffement climatique.
En clair, un bon gros 4x4 avec un Crit’Air 1 émettra plus ou moins autant de particules fines qu'une petite voiture Crit’Air 1 (si les tests de conformité ont été faits de manière honnête).
Pour vous donner un ordre d'idée, le Jeep Grand Cherokee qui est homologué Crit’Air 1 émet 327 grammes de CO2 par kilomètre ! Presque 4 fois plus que les petites voitures essences également en Crit’Air 1 comme la nouvelle Citroën C1.
Ce qui semble plutôt logique, déplacer une voiture de 2,5 tonnes pollue nécessairement plus que déplacer une voiture de 0,8 tonne dans les mêmes conditions et avec le même type de motorisation. Cette logique qui saute pourtant aux yeux n'est donc pas prise en compte dans le calcul de la note Crit'Air.
D'ailleurs sur le site de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME), les 14 l/100 km et la très mauvaise note globale de la Jeep ne retranscrivent pas franchement bien la bonne note Crit'Air, contrairement à la Citroën...
Une étiquette pas très vendeuse
Une aberration qui s'explique assez facilement par le fait que les constructeurs automobiles ont besoin de vendre des voitures neuves. Et évidemment, il faut que ces voitures aient une bonne image et accessoirement, que ses clients puissent les utiliser pendant les pics de pollution. Dans ce contexte, il n'était pas envisageable, de coller une étiquette Crit’Air 5 sur ces nouveaux véhicules. On peut donc facilement imaginer que des tractations en interne ont fait en sorte que le critère dioxyde de carbone soit mis de coté.2
Malheureusement pour la planète et pour notre santé, les contraintes économiques sont souvent les plus fortes. Voilà pourquoi une voiture qui consomme 3 fois plus que la moyenne et qui a la pire note d'émission de CO2 peut rouler tout le temps alors que celui qui a une petite voiture plus ancienne ne peut pas.